Drôle de coïncidence. En l’espace de cinq jours, trois vitrines de librairies ont été vandalisées à Lille. Dans la nuit du samedi 22 septembre eu dimanche 23 septembre, la librairie Place Ronde et la librairie Meura ont vu leurs vitrines cassées. Et dans la nuit du mercredi 26 septembre au jeudi 27 septembre, la librairie Meura a une nouvelle fois la cible de vandalisme avec un cambriolage à la clé. Une loi des séries qui interpelle.
« La dernière fois que ça m’était arrivé c’était il y a neuf ans. Mais deux fois en moins d’une semaine, c’est une première », constate amèrement Lilya Aït Menguellet, gérante de la librairie Meura.
Problème de sécurité ou atteinte à la liberté d’expression, ces attaques répétées en si peu de temps posent question. « Il faut se méfier des conclusions hâtives. C’est peut-être aussi simplement lié à la sécurité dans le quartier qui a vu plusieurs commerces vandalisés. En tout cas, ça questionne surtout qu’il faut savoir que la librairie est le commerce le moins rentable de France. C’est un peu étrange », reconnaît la libraire.Même interrogation quelques rues plus loin. Ouverte il y a cinq mois, la librairie Place Ronde a reçu un gros pavé sur sa vitrine dans la nuit de samedi à dimanche. Pourtant, aucun ouvrage exposé ne prêtait à polémique.
« Il y avait des BD comme Le chat du Rabbin ou encore Le chemisier. Il y avait aussi de la littérature et des livres pour enfants. Je ne mets jamais en vitrine des choses qui pourraient blesser telle ou telle idée politique ou groupement. J’essaie d’être extrêmement consensuelle. Je ne suppute rien mais je préfère croire à l’acte d’un idiot. Je ne veux surtout pas penser à ce qui a pu se passer auparavant dans l’histoire », lâche Fabienne Van Hulle, fondatrice de Place Ronde.
Preuve que l’affaire est prise au sérieux, Martine Aubry, la maire de Lille, n’a pas hésité à témoigner publiquement son soutien aux deux librairies attaquées. Même chose pour Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, qui s’est fendue d’un coup de téléphone à la gérante de Place Ronde.
Attristées par ces attaques gratuites, les deux librairies vont désormais devoir en payer le prix. A Place Ronde, on estime à 10.000 euros le coût du changement de vitrine. Chez Meura, c’est tout un mode de pensée qui est remis en cause.
« On s’en passerait bien car ça demande de sacrifier d’autres projets. Ça pose la sécurité des petits lieux et c’est coûteux. On est dans une époque hyper sécurisée et c’est triste de se dire que même nous libraires devons réfléchir en termes de sécurité là où j’ai toujours réfléchi en termes d’accueil et d’échange. C’est triste pour la société dans laquelle on vit », regrette Lilya Aït Menguellet.
Reste que les libraires ne vont pas se taire pour autant. Au contraire, ce genre d’acte provoque plutôt l’effet inverse. « Il ne faut surtout pas me mettre au défi. Plus on fait ça, plus ça décuple mes forces. On fait une grande soirée "Osez le féminisme" la semaine prochaine. Je vais mettre tout ça en grand en vitrine », assure Fabienne Van Hulle.
Depuis ces actes de vandalisme, les deux libraires ont déposé plainte. Une enquête est en cours pour savoir si tout ça est lié au hasard ou si la culture est désormais en danger à Lille.
Source : 20 minutes