Lauréate du Prix dimoitou 2021
Je suis trop contente, je n’en reviens pas !
s’exclame Carole Trébor. Elle vient d’apprendre que le Prix dimoitou lui est décerné pour Le cadeau de Kiki de Montparnasse , premier tome de sa série Jeanne, la fille du docteur Loiseau. Les dix jurés de 8 à 10 ans ont débattu, samedi 9 octobre, au Mans. Ils ont été séduits par les aventures d’une jeune héroïne au féminin dans une société dominée par les hommes, dans l’entre-deux-guerres.
Je ne m’attendais pas du tout à remporter le prix avec un roman historique
, réagit l’autrice de 48 ans. Antoine Pinel, 9 ans, résume le sentiment des dix jurés : J’ai été choqué de découvrir la condition des femmes en 1924. Elles n’avaient pas de droits. Pourtant, les hommes ne sont pas supérieurs aux femmes.
Les choses changent, sourit Carole Trébor. Mais on constate encore aujourd’hui, qu’à partir de 13 ou 14 ans, les filles ont tendance à dire qu’elles sont moins bonnes que les garçons en sciences, en mécanique, en bricolage. En tant qu’autrice, j’ai une responsabilité. Avec cette série, je veux montrer d’autres modèles féminins. Je suis persuadée que les mentalités peuvent évoluer grâce à nos lectures.
Après une thèse d’histoire sur les relations artistiques entre la France et l’URSS, Carole Trébor enseigne l’histoire de l’art à l’université. Elle se lance dans l’écriture et la réalisation de films documentaires, puis a envie d’écrire une pièce de théâtre
. Un monde dont elle connaît bien les coulisses du fait de ses tournages.
Ce sera Merci l’Ours, une comédie musicale, en 2010. Suivront Noctambule de bitume et Au cirque Fanfaron, en 2011.
Un spectacle musical pour enfants sur des animaux de cirque sans humain et donc sans maltraitance animale »,
qu’elle décline en une série d’albums pour tout-petits. Premiers écrits pour les plus jeunes, avant sa trilogie fantastique pour ados, Nina Volkovitch, sur l’univers sombre des goulags soviétiques, saluée d’une myriade de prix en 2012.
À l’époque, Carole Trébor mène de front ses projets pour l’édition et son métier de réalisatrice qui lui permet de gagner sa vie. Pendant quatre ou cinq ans, j’ai travaillé pour l’émission Silence ça pousse, je m’intéressais à la culture des tomates
, sourit-elle. Notre autrice cacherait-elle une âme de jardinière ? Pas du tout, j’avais ce côté très Parisienne qui débarque !
répond avec une pointe d’ironie celle qui habite à Paris. Depuis six ans, elle vit de sa plume. Mais reste une historienne. Cela nourrit mes romans.
Dans le livre primé par les jurés du Prix dimoitou, sa petite héroïne, Jeanne, croise des personnages qui ont réellement existé en 1924. Comme Jacques Prévert et surtout Kiki de Montparnasse.
C’est une façon de mieux incarner les Années folles, peu exploitées dans la littérature jeunesse. Une époque plutôt douce et pleine de joie, pendant laquelle les femmes commencent à s’émanciper, souligne l’autrice. Je me documente énormément. J’ai lu plusieurs biographies sur Kiki. C’était une muse très connue, très libre, très attachante.
Source/Ouest France