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23 juin 2011

Le premier manuel d'histoire franco-allemand boudé dans les deux pays

Le tout premier manuel d'histoire franco-allemand, né en 2006 et dont le dernier volume pour la classe de seconde est publié jeudi, est boudé par les professeurs des deux pays et pâtit en outre de la réforme des lycées en France.

Le volume de seconde de cet ouvrage («L'Europe et le monde, de l'Antiquité à 1815»), d'une grande originalité par son contenu identique en France et en Allemagne, a failli même ne jamais sortir et sa maison d'édition Nathan n'en a imprimé couverture-de-l-edition-l-europe-et-le-monde-de-l-antiquite-a-1815-d-rque 7.000 exemplaires. Le volume de classe de première, publié en 2008 (de 1815 à 1945), s'est vendu à 15.000 exemplaires en France et en Allemagne. Le manuel de terminale, publié en 2006 (de 1945 à nos jours), s'est vendu à 50.000 exemplaires dans chaque pays. En Allemagne, l'ouvrage est publié par Klett.
«Il y a une responsabilité énorme des politiques et notamment du gouvernement français qui, par la réforme des lycées en 2010, a redéfini les règles du jeu», estime Corinne Defrance, historienne au CNRS, interrogée par l'AFP.
«Le programme d'histoire de seconde est tout à fait différent dans les Länder allemands (régions) et en France, et l'histoire va être facultative en France dans plusieurs filières en terminale. Le premier manuel risque de devenir obsolète», ajoute Mme Defrance.
«Les auteurs du troisième volume, désespérés, ont failli jeter l'éponge, car, pour eux, il ne s'agit pas de travailler pour la gloire symbolique des relations franco-allemandes. Le succès d'un manuel se mesure à son utilisation dans les classes», déplore l'historienne.

Mais pour Françoise Fougeron, directrice générale de Nathan Scolaire, les manuels ne sont pas «caduques» pour autant car «ils traitent des mêmes thèmes que les programmes français».

Corinne Defrance salue un projet «osé» car «c'est le premier manuel supranational jamais écrit et mis réellement en usage dans les établissements (...) à côté des autres manuels plus traditionnels et plus nationaux». Il a aussi «l'originalité» d'avoir été proposé par des jeunes lycéens et d'avoir bénéficié du fort soutien des gouvernements et des administrations pour devenir réalité. Le projet est parti d'une proposition du Parlement franco-allemand des jeunes faite en 2003 à Berlin au chancelier Gerhard Schröder et au président Jacques Chirac, à l'occasion du 40e anniversaire du traité d'amitié franco-allemand (Traité de l'Elysée). Pour Ulrich Pfeil, professeur de civilisation allemande à l'université Paul-Verlaine à Metz, la modification des programmes d'histoire en France «montre que le projet de manuel franco-allemand n'était vraiment qu'un symbole» pour le président Nicolas Sarkozy. La réforme des lycées n'est pas seule en cause, les professeurs ont également leur part de responsabilités par «manque de courage», estime Mme Defrance.

Les enseignants n'ont pas «osé travailler avec un manuel un peu différent des autres. Chacun a vu ce que ce manuel n'apportait pas par rapport aux manuels traditionnels, au lieu de voir ce qu'il apportait en plus», dit-elle.
C'est l'avis de Stefan Seidendorf, chercheur à l'institut franco-allemand de Ludwigsburg (Allemagne). En Allemagne, «les professeurs n'ont pas adopté véritablement le manuel, surtout les plus âgés, qui le trouvent trop moderne».
En revanche, les jeunes «adorent le manuel qui comporte des textes courts et des supports interactifs (cartes, graphiques, infographies...)», poursuit le sociologue, dont l'institut à lancé en avril une enquête sur son site (www.dfi.de) qui s'adresse aux professeurs sur l'utilisation et l'expérience du manuel.

Source: L'Alsace

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