Le "grand chantier" de la bibliothèque ne fait que débuter

L'Agglomération a transféré l'essentiel des fonds conservés jusqu'alors au musée sur le site de Montquier, où cure de jouvence et catalogage les attendent.

Perdu au beau milieu des locaux du Crédit agricole, le bâtiment loué par la bibliothèque de l'Agglomération semble identique aux autres sous le soleil du mois d'août. Mais lorsqu'on franchit le seuil du site de Montquier, la fraîcheur règne dans la pénombre où sont conservés la plupart des quelque 40 000 documents des fonds patrimonial et régional. Déménagés depuis peu, ces vieux ouvrages parfois ornés de reliures magnifiques sont alignés sur les étagères.

« Les conditions de conservation sont largement plus convenables ici qu'au musée », explique le conservateur Emmanuel Pidoux, qui nous fait visiter les lieux. Certains livres anciens - dont les plus précieux - ont été transférés aux archives départementales, mais le plus gros du fonds se trouve ici, à Montquier. Un vaste chantier y attend les documentalistes, en vue de la création de la nouvelle médiathèque aux alentours de 2015 (lire en encadré). « Trois personnes spécialisées dans les fonds anciens ont été recrutées pour s'en occuper, rassure Emmanuel Pidoux. C'est un chantier monstrueux qui nous attend, confie-t-il. Il nous faut rattraper 30 ans d'immobilisme. »

Un sas de dépoussiérage équipé d'aspirateurs spéciaux va être installé pour remettre en état les ouvrages. Pour certains, un nettoyage encore plus minutieux sera nécessaire afin de retirer les champignons qui s'y sont installés. « Une sorte d'hôpital du livre », sourit le conservateur. Mais le travail ne s'arrête pas là ; les documents devront ensuite être catalogués, selon des normes particulières aux livres anciens. « Jusqu'alors, le catalogue était manuel, explique Emmanuel Pidoux. Grâce à ce travail, les livres apparaîtront dans le catalogue informatique de la bibliothèque. »

Enfin, à plus long terme encore, une partie du fonds sera numérisée, à l'instar des livres déjà transférés aux Archives. Dans quelques années, la possibilité de consulter ces œuvres d'un autre temps via Internet est donc envisageable. Intéressant, car la consultation manuelle de ce type d'ouvrages demande des précautions très strictes. Dans une autre partie du bâtiment, les documents plus récents - y compris les CD - sont également catalogués. Mais ici nul besoin de dépoussiérage approfondi, et l'éclairage est normal. Cela dit, il faut tout de même un quart d'heure environ pour cataloguer chaque document, selon le conservateur. « Tout cela respecte un cheminement bien précis », explique-t-il.

La location du site de Montquier au Crédit Agricole est provisoire. Dans l'avenir, les documents nouvellement acquis seront directement catalogués à la médiathèque de Carcassonne, avant d'être répartis dans les différentes bibliothèques de l'agglomération. Emmanuel Pidoux évoque cette future médiathèque avec enthousiasme : « La plupart des bibliothèques de France se sont transformées en médiathèques dans les années 1990. Ici nous avons pris du retard, mais nous allons pouvoir tirer les leçons des erreurs des autres médiathèques et nous adapter aux nouveaux usages. »

La construction même du bâtiment devrait prévoir « plus d'espaces de convivialité, de rencontres et d'animations », ainsi qu'une place pour le numérique qui manque dans les autres médiathèques, selon lui - tout en conservant au livre la place essentielle qui lui est due. « Nous ne cherchons pas à faire du jeunisme, et nous ne sommes pas là pour répondre aux gadgets, mais nous nous devons de nous adapter aux nouveaux usages. »

Source: La Dépêche