Le manga phénomène One Punch Man bat des records

C'est un super-héros chauve, mal costumé, blasé et sans une once de charisme. Chômeur reconverti en justicier par désoeuvrement, Saitama est devenu si fort qu'un seul coup de poing lui suffit pour terrasser n'importe quel adversaire. À vaincre sans péril, on triomphe sans adrénaline. Du coup, Saitama s'ennuie, plus préoccupé par le fait qu'il a oublié de sortir ses poubelles que par les monstres contre lesquels il doit se battre.

Phénomène au Japon, « One-Punch Man » a d'abord été un blog tenu par un inconnu répondant au pseudonyme de One, avant d'être adapté en manga par le dessinateur Yusuke Murata. Lancée en France le 14 janvier par Kurokawa, la série a frappé très fort : en trois jours à peine, la fournée initiale de 65 000 exemplaires était épuisée et, dans le classement des meilleures ventes, le premier volume se retrouvait seulement devancé par les poids lourds Jean d'Ormesson et le triumvirat de la sagesse Christophe André, Matthieu Ricard et Alexandre Jollien. Une opération coup de poing comme on n'en avait plus vu depuis « Naruto » et « One Piece ».

Prenant à contre-pied les traditionnels shonen (mangas pour adolescents), le parodique « One-Punch Man » se moque des créatures ridicules à la « Bioman » comme des super-héros américains. Mais, derrière l'humour qui ne manque pas de punch, il y a aussi un aspect sociologique. Ce héros sans qualités ne serait-il pas le parfait représentant d'une génération démotivée et apathique, pour laquelle il semble plus aisé de sauver le monde que de trouver un travail ?

Source: Le Point