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21 mars 2022

Baisse des ventes en librairie depuis le début de la guerre en Ukraine

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Déjà près d’un mois que les troupes russes occupent l’Ukraine. Et autant de temps que les récits de combats de rue, de bombardements, et de fuites de population civile ne quittent plus l’espace médiatique comme notre esprit. Inévitablement, cette saturation d’information touche le lecteur et donc… la fréquentation en librairie. Contactées, plusieurs librairies parisiennes se retrouvent dans un même constat : chez leurs clients, l’heure est à la morosité, à l'inquiétude face un contexte international hostile. « Les temps de lecture sont plus réduits dans ces temps de guerre, donc les achats aussi. Quand on venait pour acheter deux ou trois livres, désormais on en achète un. Ils préfèrent bien souvent les documentaires, suivre les informations en continu… Comment la lecture peut-elle encore se maintenir dans cette angoisse permanente ? », confie un libraire. Ce ressenti se vérifie-t-il dans les chiffres ? Dès la fin du mois de janvier, date à laquelle la Russie a lancé de nouvelles manœuvres militaires autour de l’Ukraine, l’actualité s’est lentement déportée sur ce sujet. Si les libraires contactés pointent, au doigt mouillé, une baisse de fréquentation de près d’un tiers entre le mois de janvier et celui de février, les statistiques officielles communiquées à Marianne par le syndicat de la librairie française (SLF) - par son Observatoire de la librairie - confirment cette évaluation. Selon le panel constitué par le syndicat, regroupant près de 403 librairies indépendantes dans toute la France, le chiffre d'affaires de ces commerces aurait reculé, en février, de 4,3 %. Certes, sur une année, la chute est également rude : -5,3 %. Cela en pleine rentrée littéraire, portée notamment par les très bankable Nicolas Mathieu(Connemara, Actes sud) et Pierre Lemaître (Le grand monde, Calmann-Lévy). Cette baisse concerne tous les rayons. Les sciences humaines s’écroulent (-11 % entre février 2022 et 2 021), tout comme les polars (-9,8 %). Les seuls produits à tirer leur épingle du jeu sont… les ouvrages en lien avec le conflit russo-ukrainien. D’abord, en ligne, les classements des meilleures ventes des différents distributeurs en ligne (Amazon, Fnac…) voient apparaître plusieurs ouvrages qui en étaient absents il y a un peu plus d’un mois. C’est notamment le cas de deux essais de la russe Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015 : La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement, prix Médicis essai 2013, et Les cercueils de zinc, publié en 1989, livre sur la guerre « cachée » des Soviétiques en Afghanistan et la douleur des mères de soldats. Un succès également en librairie. « Ces deux livres figurent dans les meilleures ventes poche, nous précise-t-on du côté de chez Edistat, organe statistique de l’édition. C’est un succès aussi brutal que tardif. Leur édition poche étant sorties respectivement en 2016 et 2021 ».

Parmi les autres succès du moment, d’autres essais. Plus actuels ceux-là. On note d’abord le décollage de L’Ukraine, une histoire entre deux destins (Bartillat), pourtant paru en 2019. Si l’ouvrage s'est vendu - au total - à 1 709 exemplaires, 761 se sont vendus depuis le début du conflit, toujours selon le décompte d’Edistat.

Ce sont ensuite deux publications abordant les rouages du KGB qui connaissent un certain succès. L'Éclaireur : Du recrutement à la formation, l'histoire vraie et stupéfiante du seul espion du KGB à avoir intégré l'ENA pour infiltrer l'administration française, paru chez Nimrod, tout d’abord. Mais c’est surtout un autre livre, pourtant paru en avril 2021 aux éditions Mareuil, qui se signale : KGB-DGSE, deux espions face à face par Sergueï Jirnov, ancien espion du KGB, et François Waroux, officier traitant à la DGSE. « Il s’est mis à marcher dès le lendemain de l’invasion russe, rapporte le fondateur de la maison, Louis de Mareuil. Un livre vit trois mois à peu près. Là, il était plus qu’en fin de course mais ce redémarrage nous a permis d’atteindre de façon inattendue les 10 000 exemplaires. »Dans la tête de Vladimir Poutine (Babel), paru en 2016, a connu un succès encore plus tardif. Depuis le début de l’année 2022, selon Edistat, un peu plus de 1 100 exemplaires se sont écoulés, contre 250 sur toute l’année 2021. Du côté des romans, seul l’Ukrainien Andreï Kourkov se distingue, lui dont le dernier ouvrage, Les abeilles grises, qui fait partie des meilleures ventes, est paru le 3 février 2022. À noter : aucun rebond des classiques russes. Dostoïevski ou Tolstoï ne profitent pas de l’actualité.

Les maisons d’édition s’activent en ce moment même pour profiter de la conjoncture. D’autant plus si le conflit dure… Du côté de Mareuil, on avoue être en quête d’un témoignage. Chez d’autres institutions interrogées - mais qui ont refusé d’être citées - on s’inquiète : « On tient une idée, vous savez si des confrères ont eu la même ? »

D’autres maisons ont fait en sorte d’accélérer la parution d’ouvrages qui étaient seulement dans les cartons au début du conflit. C’est notamment le cas des éditions Max Milo dont l’ouvrage Poutine : maître du jeu ? est paru ce mardi 15 mars, deux mois avant la date de parution prévue initialement. « Quand le conflit est devenu une guerre, nous avons activé l’éditorial, explique Jean-Charles Gérard, cofondateur des éditions Max Milo. Normalement, il faut un minimum de deux mois entre la réception du manuscrit et sa publication. Mais cette fois, l’actualité nous imposait d’accélérer le processus. C’est dans l’intérêt de tous : l’auteur, le libraire, le distributeur, et l’éditeur… ». Avec cette publication, Max Milo espère dépasser les 10 000 exemplaires. Un objectif qui n’aurait pas été si élevé sans cette guerre.

Source: Marianne

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