En 2007, la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) envisage la création d’un espace permanent pour la mise en valeur de ses riches collections patrimoniales. En 2008, elle lance un concours destiné à concevoir la scénographie d’un tel espace. Et, dès 2010, ce chantier est lancé grâce à l’aide de sponsors dont la Loterie nationale.
Il propose un concept original offrant au spectateur divers niveaux de lecture qui évoquent l’histoire du livre, de l’écrit et des bibliothèques. Sa mise en scène interactive fait appel aux techniques multimédias les plus récentes, dont des bornes interactives et des audioguides.
Sous la dénomination de Librarium, il s’articule autour d’un espace central d’où rayonnent différentes thématiques. Chacune de celles-ci est développée dans une des huit salles spécifiques, définies par une phrase-titre qui en révèle le programme : « Des sociétés humaines naît une pensée », « Exprimée par l’écrit », « véhiculée par un support matériel », « Et figurée par l’image », « Pour passer d’un auteur à un lecteur », « Elle sera conservée dans des lieux de mémoire », « Où s’organiseront les savoirs », « Afin de faire éclore une pensée nouvelle ».
Les visiteurs peuvent ainsi découvrir de nombreux objets provenant des différentes sections de la KBR tels que papyrus égyptiens, manuscrits médiévaux, incunables, estampes ou documents autographes… Afin d’accroître l’intérêt de l’exposition et de protéger des pièces souvent extrêmement fragiles, le contenu présenté est modifié tous les trois mois. Un effort important d’animation valorise ce patrimoine : ateliers, animations et partenariats divers.
Ce programme est piloté conjointement par les services éducatif et patrimoine. Il dispose d’un cadre propre (trois-quatre personnes), appuyé par une vingtaine de bénévoles, principalement afin d’encadrer les groupes (écoles, associations…), ainsi que les visites guidées pour des visiteurs. Le succès de fréquentation de ce nouveau musée a permis de multiplier par trois le nombre de visiteurs individuels de la KBR, et ce malgré une baisse des emprunts et des consultations sur place. Toutes les catégories de visiteurs ont d’ailleurs manifesté un haut degré de satisfaction lors des enquêtes menées auprès du public. De plus, cette expérience a contribué à générer une nouvelle dynamique de coopération entre les services en charge du Librarium. La KBR a cependant entamé une large réflexion sur la poursuite de son projet. Elle envisage tout d’abord d’améliorer largement l’expérience multimédia qu’elle propose, par exemple en permettant une manipulation ou consultation virtuelles des différents objets exposés grâce à leur numérisation. Un choix plus étendu des langues des diverses notices devrait aussi répondre aux attentes d’un public cosmopolite. Une meilleure mise en valeur des pièces essentielles de son patrimoine, en particulier sa magnifique collection de manuscrits médiévaux dite « Librairie des Ducs de Bourgogne » pourrait aussi être prise en considération. La problématique d’une communication performante autour d’un binôme bibliothèque-musée devrait certainement être abordée.
Un accroissement de son offre muséale, en complément de la poursuite de son rôle de bibliothèque nationale, permettrait à la KBR de devenir un des pôles les plus attractifs et dynamiques du cœur de la cité.
Source : Archimag