L'écrivain hongrois d'origine juive Akos Kertész, âgé de 80 ans, a bien l'intention de rester au Canada, si on lui accorde l'asile politique qu'il a demandé, a-t-on appris lundi auprès de ses proches établis dans ce pays.
M. Kertesz, lauréat de la plus prestigieuse distinction littéraire en Hongrie, le prix Kossuth, est arrivé à Montréal mercredi dernier en compagnie de sa femme. Il a décidé de limiter ses contacts avec les médias pour éviter de gêner la procédure de sa demande d'asile, en attendant de prendre conseil auprès de son avocat, a-t-on indiqué de même source.
L'homme de lettres a pris la décision d'émigrer parce qu'il estime avoir été la cible d'une campagne de harcèlement de la part de milieux d'extrême-droite et de proches du gouvernement de Budapest, d'attaques verbales et physiques, jusqu'à la piscine où il pratique la natation. Il a fini par estimer que "sa vie était en danger", a ajouté un de ses contacts au Canada.
L'écrivain a publié fin août dans une publication hongroise aux Etats-Unis, Amerikai-Magyar Nepszava, une lettre ouverte dans laquelle il avait qualifié ses compatriotes de "génétiquement enclins à la soumission" pour expliquer leur comportement face à l'extermination des 400.000 juifs hongrois par les nazis.
L'écrivain avait ensuite rectifié son article en supprimant ce passage controversé.
Dans un communiqué adressé aux médias hongrois dimanche, il a dit avoir pris sa décision de partir "non pas contre la Hongrie et le peuple hongrois mais contre le pouvoir actuel" et espérer "pouvoir retourner de nouveau dans une Hongrie humaine et démocratique".