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5 novembre 2015

Stendhal, Verlaine, Breton et Zola font entrer dans les collection grâce à Pierre Bergé

pierreBerge

À un mois de la première vente de sa bibliothèque, le 11 décembre à Drouot, Pierre Bergé annonce à La Gazette Drouot son intention de retirer quatre ouvrages, dont le manuscrit de Nadja, afin qu’ils puissent rejoindre les collections publiques. Précisons que le Nadja vient d'être classé "bien culturel d'intérêt patrimonial majeur". 
«Fidèle à son action de mécène», nous indique le commissaire-priseur Antoine Godeau, Pierre Bergé compte retirer quatre lots majeurs du catalogue de la vente de sa bibliothèque, le 11 décembre : le premier manuscrit de Nadja par André Breton, les épreuves corrigées par Verlaine des Poètes maudits, les Maximes et penséesde Chamfort annotées par Stendhal, ainsi qu’une édition originale du Docteur Pascal, d’Émile Zola, comprenant un envoi à la mère de ses enfants.
À la demande de Bruno Racine, président de la Bibliothèque Nationale, Pierre Bergé a accepté de favoriser la vente directe à la BNF du manuscrit de Nadja, pièce maîtresse de l’histoire du surréalisme, plutôt que de le soumettre au feu des enchères. Ce lot représente l’estimation la plus élevée de la vente (de 2,5 à 3,5 M€). Les trois autres ouvrages, que Pierre Bergé entend donner aux collections publiques, totalisent une valeur estimée de 560 000 à 780 000 €. Les quatre lots retirés représentent donc en valeur d’estimation de près du tiers de la vente (de 3 à 4,3 M€). Écrit par André Breton en Normandie l’été 1927, Nadja est le récit de sa rencontre avec la jeune femme portant ce surnom, Léonie Delcourt, qui vécut un amour éperdu avec le fondateur du surréalisme. Peu après leur rupture, elle fut internée en asile psychiatrique, où elle passa le reste de sa vie. Comme le voulait la composition de Breton, ce manuscrit alterne les épisodes de son récit avec des photographies légendées par lui, des lettres de son amante, ainsi que d’autres documents. Ce texte, par lequel il réaffirme le propos du surréalisme, fut édité par Gallimard en 1928, avant une version remaniée en 1963. Ces 25 feuillets, écrits en petits caractères très serrés, dont plusieurs passages sont raturés et corrigés, composent donc le tout premier jet. Breton céda le manuscrit dès 1928 à l’éditeur suisse Henri-Louis Mermod. Il disparut par la suite jusqu’à sa réapparition en 1998 chez Sotheby’s, à Londres, où l’acquit Pierre Bergé.
Le collectionneur a aussi voulu offrir à la BNF les jeux d’épreuves du recueil des Poètes maudits par Verlaine. Dans la première édition (1884), l’auteur commente la vie et l’œuvre de Corbière, de Mallarmé et de son ami Rimbaud. En 1888, une seconde édition y ajoute Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle Adam et Verlaine lui-même, présenté sous l’anagramme «le pauvre Lelian». Comptant 300 corrections dont une quarantaine d’ajouts, ces 54 feuillets, portant sur les deux éditions, sont donc fondamentaux pour l’histoire critique de cet ouvrage. 
Pierre Bergé va aussi donner au centre Stendhal de la bibliothèque municipale de Grenoble (Isère) l’édition originale des Maximes et pensées de Chamfort longuement annotée par Stendhal. L’écrivain le tenait pour son livre de chevet, au point d’en avoir rogné les marges pour pouvoir le glisser dans la poche de son manteau. Est également offert à la maison de Zola à Médan (Yvelines) une édition originale du Docteur Pascal, le dernier ouvrage de la grande saga des Rougon-Macquart. Dans son envoi écrit le 20 juin 1893, Émile Zola y adresse un message plein d’affection à sa compagne, Jeanne Rozerot, «qui m’a donné le royal festin de sa jeunesse et qui m’a rendu mes trente ans en me faisant cadeau de ma Denise et de mon Jacques, les deux chers enfants pour qui j’ai écrit ce livre...». Le romancier avait en effet fondé une famille morganatique avec cette jeune lingère, avec laquelle il avait noué une liaison cinq ans plus tôt. 

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