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31 décembre 2023

Valentina Toro, le pouvoir dans la différence

Valentina toro

Les crayons et les feuilles ont fait partie de l’enfance de Valentina Toro, comme tous les enfants. Mais, pour elle, ils avaient une autre dimension. Cette Colombienne, native de Medellín, a vu le jour avec une maladie rare : le syndrome de Holt-Oram. Cette mutation génétique affecte le développement du cœur et des membres. Valentina a donc grandi, mais pas ses bras ni ses mains. Pourtant, cela ne l’a pas empêché de vivre de sa passion, « raconter des histoires ».

« Le dessin a toujours fait partie de moi. Déjà au collège, je dessinais tout le temps, même pendant les cours de mathématiques. Mon mode d’apprentissage passe par le dessin. Mon père est aussi illustrateur, donc c’était un exemple. J’ai fait des études de design graphique puis un master d’écriture créative. Depuis toute petite, je voulais dessiner pour raconter des histoires ».

Valentina remplira alors des tas de carnets avec des croquis et des personnages plus fantaisistes les uns que les autres. Jusqu’au jour, où une histoire, son premier livre, a pris forme pour un devoir scolaire. « Je suis allée à l’ancienne librairie de El Retiro [ville où vivent ses grands-parents, à une heure de route de Medellín, NDLR] avec la maquette de mon livre que j’avais fait pour l’école. J’ai laissé l’exemplaire à la directrice. Elle voulait le lire. Le hasard a voulu qu’une personne de Bogota, qui travaillait dans une maison d’édition, s’y soit intéressé. Elle l’a emporté à Bogota. Plus tard, j’ai reçu un appel pour annoncer la publication de mon livre. » Son premier livre est publié alors qu’elle est encore étudiante. Elle n’avait pas vingt ans.

Ce que Valentina décrit comme un hasard, certains y verront le destin, d’autres de la chance. La jeune Colombienne y voit le fruit d’un travail de longue haleine. Lors de son premier rendez-vous avec la maison d’édition, les choses sont rapidement devenues sérieuses. « Ils ne savaient pas à quoi je ressemblais et encore moins que j’étais atteinte du syndrome Holt-Oram. Quand ils m’ont vue, ce fut le déclic. Pour eux, c’était une autre raison de m’engager. À l’époque, j’étais très gênée, je ne voulais pas qu’on parle que de ça. Car souvent, les gens ne lisaient pas mes histoires. Ils voulaient seulement voir l’artiste qui avait surmonté son infirmité. Et non l’auteure qui travaille durant des mois pour écrire et illustrer un livre. Pour moi, ne pas avoir de bras était normal. Je voulais seulement être illustratrice. »

Mais, Valentina a changé d’avis. Dix ans plus tard et après la publication de neuf livres en Amérique latine, son projet professionnel a évolué. « Aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que tous mes personnages parlent de la différence, du fait d’être étrange, bizarre. De manière inconsciente, mes histoires sont toutes liées à cette différence qui peut être physique ou dans la personnalité. C’était ma manière de raconter comment on vit dans un corps hors normes. Finalement, je raconte aux enfants comment s’accepter. »

D’ailleurs, à aucun moment de l’entretien, Valentina Toro ne parle de « handicap ». Elle est consciente que « les autres » peuvent être heurtés par son apparence. Mais, elle n’en fait pas une obsession. Elle dédie son temps et énergie à sa passion. Elle vient de développer de nouveaux produits comme une peluche à l’effigie d’un de ses personnages. Elle le tient dans ses bras lorsqu’elle explique son projet « Una en cien mil » (Une sur cent mille).« Ce projet fait référence au nombre de personnes affectées par ma maladie. C’est une manière d’affirmer ma différence et d’en faire une force. Ma différence est un super pouvoir. D’ailleurs, ce pin’s, que je porte, représente ma main avec mes trois doigts ».

Si des critiques ou des regards malveillants ont croisé le chemin de Valentina Toro durant sa carrière d’illustratrice professionnelle, elle n’en laisse rien paraître. En 2013, elle a publié son premier livre illustré Les Péripéties de Violette ; en 2014, Violette et le pinceau enchanté ; et en 2016, L’Oiseau d’ébène. L’illustratrice a également publié l’édition mexicaine de son livre en 2019 : Mon monstre et moipublié chez Planeta de Libros. Dans ce roman, elle raconte le quotidien d’une petite fille qui n’a pas beaucoup d’amis, mais un monstre qui commence à l’accompagner dans sa vie quotidienne. « Mes livres servent de refuge aux enfants de 8 à 13  ans qui ne se reconnaissent pas dans les histoires classiques. Mes personnages aident ceux qui sont effrayés, perdus ou qui se sentent seuls ».

Source : RFI

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