Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Biblioworld
Biblioworld
Publicité
Biblioworld
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 330 254
6 mai 2023

 Les bibliothèques attaquées de toutes parts à cause de la censure aux États-Unis

24475987lpw-24476787-article-jpg_9504034_660x287

C’est « un record ». Comptabilisés par l'American Library Association (ALA), les romans ayant fait l'objet de signalements ont atteint le nombre de 2 571 dans les bibliothèques publiques et scolaires des États-Unis, et bondi de 40 %, sur la seule année 2022. « Il s'agit du plus haut chiffre de tentatives de censure enregistré » ces vingt dernières années, révélait l'association (plus grand et ancien groupement du monde, avec 60 000 adhérents) dans son rapport annuel, publié le 22 mars dernier.

« Jusqu'à présent, un livre était signalé par un parent ou autre membre de l'association parce qu'il n'était pas à son goût, mais ces dernières manifestations sont de plus en plus souvent le fait de groupes qui s'attaquent à plusieurs livres à la fois. Parfois sans même les avoir lus… » témoignait auprès de la radio de service public américaine NPR la présidente de l'association, Lessa Kanani'opua Pelayo-Lozada, ce 24 avril.

Si ces tentatives (formalisées par des demandes de retraits des fonds de bibliothèques) détonnent peu dans un pays où prospèrent associations représentatives de minorités et « sensitivity readers » – ces relecteurs traquant biais et stéréotypes qu'ils jugent pouvoir offenser le lecteur –, un œil sur la liste des titres incriminés invite toutefois à une lecture différente de celle de la « cancel culture » usuelle.

Ainsi, dans le top 3 des livres les plus fréquemment visés figurent : Genre Queer de Maia Kobabe, All Boys Aren't Blue de George M. Johnson (mis en cause pour leurs thèmes « LGBTQIA + » et « contenu sexuel explicite ») et The Bluest Eye de la romancière afro-américaine et Nobel de littérature Toni Morrison (pour ses mentions de « viol », d'« inceste », son « contenu sexuel explicite » et « EDI », pour « équité, diversité et inclusion »).

« On observe depuis quelque temps une nouvelle forme de censure provenant des milieux conservateurs et s'attaquant aux livres dont les auteurs évoquent ou représentent la cause homosexuelle, trans ou les minorités raciales », observe Jean-Yves Mollier, historien spécialiste de l'édition et auteur d'Interdiction de publier – la censure d'hier à aujourd'hui (Double ponctuation, 2020).

Une évolution – ce type de pratique émanant initialement des milieux progressistes – qui témoigne de ce que « les républicains sont de plus en plus vindicatifs et la société américaine de plus en plus clivée », développe l'historien, qui a consacré une large part de ses travaux à l'Amérique du Nord.

Le symbole d'un « glissement », aussi, théorisé outre-Atlantique sous le terme de « backlash » (ou « retour de bâton ») à l'égard des minorités jusqu'alors à l'œuvre : « Cela frappe de tous les côtés, chacun cherche désormais à imposer sa vision du monde. » Chaque sensibilité se voyant aujourd'hui « tentée par la riposte » et la surenchère.

« Une logique prévisible. » Mais dangereuse : « La censure quelle qu'elle soit et d'où qu'elle provienne entraîne une dégradation des libertés. Et doit toujours nous alarmer… »

Source : Le Point

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité